De retour du voyage à Nice et arrière pays

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Contenu public

 

Train Access organisait du 30 septembre au 2 octobre 2023 un voyage à Nice et dans les Alpes-Maritimes.

Les points forts de ce voyage étaient :

  • le Train des Merveilles entre Nice, Breil et Tende assuré avec les autorails historiques de l'ATTCV (Train Touristique du Centre-Var) avec visite de l'écomusée ferroviaire à Breil-sur-Roya, le 30 septembre;
  • une circulation spéciale de l'autorail ABH ZZ6 récemment restauré par le GECP et l'emprunt du train à vapeur des Pignes le 1er octobre;
  • le réseau de tram niçois et le centre de maintenance du CADAM le 2 octobre.

La première journée était consacrée à la ligne du col de Tende. Mais un premier moment de plaisir attendait les participants pour les amener de l'hôtel, situé dans le quartier Saint-Augustin - Aéroport, à la gare de Nice-Ville. Train Access avait affrété un bus historique de l'association TCA (Trams et Bus de la Côte d'Azur), en l'occurrence un SAVIEM SC10 de 1975 en parfait état, remis quasiment à neuf. Ce bus nous a baladé sur un circuit touristique ménageant des vues panoramiques sur la baie des Anges et l'entrée du port ainsi que sur la baie de Villefranche avant de terminer son parcours devant la gare de Nice-Ville.

REnault SC10 à Nice
Fin du circuit en bus historique, Renault SC10, à la gare de Nice-Ville

C'est ensuite le convoi historique de l'ATTCV que nous avons emprunté. Il était formé de deux autorails : une "Caravelle triple" X4903 en livrée bleue et l'X 2204 en livrée rouge. Le train venait de Carnoules. Il s'est dirigé sur Breil en empruntant la pittoresque ligne qui suit la vallée du Paillon puis, par le tunnel du col de Braus de 5 938 m, débouche dans la vallée de la Bevera et dessert la localité de Sospel. Enfin, après avoir franchi la rivière sur le majestueux pont de CaÏ, un autre tunnel de 3 882 m percé sous le mont Grazian fait déboucher la ligne dans la vallée de la Roya à hauteur de Breil où la ligne venue de Nice rejoint celle de Vintimille exploitée par Trenitalia. Sur le parcours, deux arrêts photos à Drap-Cantaron et L'Escarène pour croisements ont permis d'apprécier l'architecture provençale typique des BV de cette ligne ouverte en 1928.

Voyage dans la Vallée de la Roya
Breil-sur-Roya Le Train des Merveilles ATTCV stationné

L'arrêt à Breil a été mis à profit pour le déjeuner organisé au buffet de la gare et permettre le croisement avec un AGC Tende-Nice. On entame ensuite un parcours spectaculaire remontant la haute vallée de la Roya avec de multiples ouvrages d'art, plusieurs tunnels hélicoïdaux permettant à la ligne de gagner de la hauteur et de poursuivre son tracé sur le versant opposé de la vallée après l'avoir traversée sur le majestueux viaduc à béquilles de Scarassoui. C'est digne du Gothard! Nous atteignons bientôt l'impressionnant BV de Saint-Dalmas-de-Tende, autrefois gare frontière jusqu'au rattachement de Tende et La Brigue à la France en 1947. Le monumental bâtiment est malheureusement abandonné. Connaîtra-t-il une nouvelle vie à l'instar de celui de Canfranc? Puis notre train atteindra son terminus à Tende, après avoir dominé cette jolie cité au passage sur le viaduc. Tende avait subi des dégâts impressionnants lors de la tempête Alex il y a 3 ans et encore tout récemment avec la tempête Aline.

L'arrêt à Tende a été mis à profit pour une rapide visite du musée des Merveilles qui présente des gravures rupestres retrouvées dans la zone du mont Bego, datées entre la fin du Néolithique et l'âge du Bronze. En gare, nous avons pu apercevoir une des rares courses d'automoteurs italiens assurant la liaison entre le Piémont (Coni) et Vintimille. Il ne restait plus qu'à entamer le chemin du retour à Nice avec un arrêt prolongé à Breil-sur-Roya pour visiter l'écomusée ferroviaire.

Lors du retour de Tende sur Nice, un arrêt à Breil-sur-Roya a permis de visiter l'écomusée du haut-pays et des transports établi dans les emprises de l'ancien dépôt. Ce musée des transports et des techniques, géré par l'association TCA (Tram et bus de la Côte d'Azur), rassemble d'anciens matériels ferroviaires (locomotives électriques et à vapeur, autorails et remorques, locotracteurs, voitures, fourgons postaux) mais aussi des véhicules de transport urbain (tramways, bus, trolleybus). Une partie est présentée à l'air libre (ce qui ne facilite pas leur conservation), une partie dans une remise dont le 1er étage abrite un important réseau H0 reproduisant des sites de la ligne Nice-Breil-Tende.

Ecomusée du haut pays à Breil sur Roya
Ecomusée de Breil  Locomotive prototype Renault à turbine à gaz CC80001 (1959) récemment arrivée à Breil
 

La ligne Nice-Breil-Tende est vraiment exceptionnelle, elle vaut le voyage par son tracé et profil audacieux, l'importance de ses ouvrages d'art, la beauté des paysages traversés. Elle n'a rien à envier aux lignes de montagne de nos amis suisses! Elle recèle un potentiel touristique considérable. Dommage qu'elle soit sous-exploitée et que malgré quelques travaux de consolidation, la vitesse reste limitée à 40 km/h au-dessus de Breil, ce qui handicape les liaisons vers le haut-pays et le transit entre le Piémont et la Riviera italienne. Elle laissera en tous cas un souvenir remarquable aux participants du voyage TA!

La journée du dimanche 1er octobre était consacrée à la ligne des CP de la vallée du Var de Nice à Annot, avec emprunt d'autorails réguliers, de l'ABH ZZ6 restauré par le GECP et un parcours sur le train à vapeur des Pignes.

Le bus historique SC10 de l'association TCA utilisé la veille nous a amenés à la gare de Lingostière pour prendre l'autorail régulier des CP. À proximité de cette gare où se situe l'atelier des CP, on peut observer du matériel réformé, y compris des rames ex-Majorque adaptées aux quais bas des CP au niveau de l'accès mais qui ne sont jamais entrées en service...

Pour rejoindre l'autorail ZZ6 affrété par TA au départ de Villars-sur-Var, nous avons utilisé l'autorail régulier pour Digne (limité en fait à St-André-des-Alpes du fait de l'interception du tunnel de Moriez). Il était assuré par un SY série X300 cinquantenaire mais toujours vaillant... En gare de Villars-sur-Var nous attendait le ZZ6 superbement restauré par le GECP. Construit par Renault en 1936, il faisait partie d'une deuxième sous-série de 4 autorails du type ABH1 numérotés ZZ3 à ZZ6. Plusieurs fois rénové, notamment quant à sa motorisation (moteur SSCM Poyaud turbocompressé de 330 ch), ses aménagements intérieurs et sa livrée (bleue et crème), il restera en service régulier jusqu'en 2001! Acquise par le GECP (Groupe d'Étude pour les Chemins de fer de Provence qui exploite le Train des Pignes à vapeur), plusieurs années de travaux vont permettre de lui redonner sa splendeur d'antan et lui permettre de transporter à nouveau des passagers. C'est donc avec grand plaisir que nous avons rejoint Entrevaux sur cet engin avec un arrêt pour photos et croisement à Puget-Théniers. À noter tout de même le positionnement du moteur sans capot dans le poste de conduite côté extrémité 1 qui doit généreusement délivrer ses décibels au conducteur... Le fonctionnement était impeccable et la tenue de voie nous a même paru meilleure que dans le moderne AMP!

Renault ZZ6
Villars-sur-Var Autorail ABH ZZ6 restauré par GECP

À l'arrivée à Entrevaux, dominé par sa citadelle, l'autorail sera garé pour permettre le passage de l'AMP assurant un mouvement Nice-Annot. Quant à nous, nous attendrons l'arrivée du train à vapeur des Pignes pour l'emprunter jusqu'à Annot et retour à Puget-Théniers après déjeuner.

Une fois arrivé à Entrevaux avec l'autorail ZZ6, nous avons emprunté le train à vapeur des Pignes jusqu'à Annot.

Le Train des Pignes, circulant chaque dimanche de mai à octobre, est géré par l'association GECP (Groupement d'Étude pour les Chemins de fer de Provence) forte de 45 bénévoles, reconnue exploitant ferroviaire et membre de l'UNECTO. Elle a restauré notamment plusieurs locomotives à vapeur, dont la 230T E327 ex-réseau breton confiée par la FACS et deux locomotives ex-chemins de fer portugais de type Mallet 120+030T construites par Henschel numérotées E182 et E211. C'est précisément cette dernière, construite en 1923, qui remorquait le train des Pignes ce jour-là, composé de belles voitures anciennes d'origine suisse et Sud-France à caisse en bois.

Train à vapeur
Le Train des Pignes aux alentours d'Entrevaux

Arrivée à Annot, la locomotive a fait le plein d'eau et a été tournée pour repartir cheminée en avant à destination de Puget-Théniers, base technique du GECP.

Le retour à Nice depuis Puget s'effectuera en autorail régulier des CP de type AMP, dans des conditions dégradées. Une partie du groupe ne trouvera pas de places assises en raison d'une capacité très insuffisante pour répondre à la demande (les autorails ne sont pour le moment pas couplables en UM). Ceux qui auront trouvé une place assise comme votre serviteur auront une vision frontale vers la voie obstruée par un écran noir sur la cloison vitrée séparant la salle voyageurs de la cabine de conduite, sur un matériel conçu pour offrir une vue panoramique. Désolant. Enfin, la tenue de voie et le confort de roulement sur la voie équipée de joints est tout à fait moyen. Il faudra attendre la section suburbaine équipée de LRS sur traverses béton "à la Suisse" pour voir le confort s'améliorer...

La matinée du lundi 2 octobre qui clôturait le voyage TA, a amené les participants à découvrir les coulisses du tram niçois, en l'occurrence le centre de maintenance des lignes 2 et 3 situé au terminus de la ligne 2 au CADAM (Centre Administratif des Alpes-Maritimes). Rappelons que le réseau comporte actuellement 3 lignes totalisant 24,2 km (troncs communs déduits), la première (joignant actuellement Henri Sappia à l'hôpital Pasteur selon un tracé en "V") ayant été ouverte en 2008.

Puis deux nouvelles lignes ont été ouvertes complètement en décembre 2019:

  • 2 : Port Lympia - Aéroport / CADAM (11,3 km)
  • 3 : Aéroport - St-Isidore

 J'en avais fait une visite la semaine précédant le confinement et j'avais transmis un photo-reportage par mail du 17 mars 2020. La ligne 2, de tracé général est-ouest, comporte deux branches se séparant à Grand Arénas où se situe un triangle, la 3e branche étant parcourue par la ligne 3 suivant la vallée du Var. Cette station est située à proximité immédiate de la nouvelle gare TER Nice-Saint-Augustin (et future gare TGV). La ligne 2 a la particularité d'avoir un tronçon en tunnel de 3,5 km desservant 4 stations dans le centre de Nice, dont 2 en correspondance avec la ligne 1 (à Place Garibaldi et Jean Médecin). Elle a aussi la particularité, comme la ligne 3, de n'être pas électrifiée (sauf le tunnel doté d'une ligne aérienne de contact). Les rames - du type Alstom Citadis 405 à 7 modules d'une longueur totale de 44 m - sont alimentées par des supercondensateurs rechargés durant l'arrêt en station par un tronçon de rail APS, ainsi que durant le parcours en tunnel via le pantographe.

Tramway Nice
Nice Station Terminus de la ligne T2 à Port Lympia

Mais revenons au CADAM constituant un des terminus de la ligne 2. La station est bordée par un grand parking à étages P+R. En arrière-gare, on trouve un faisceau de remisage et le centre de maintenance (CMCG). Classiquement, celui-ci comporte une station-service pour le lavage, le nettoyage intérieur des rames et le plein de sable et un atelier doté de voies sur fosses et de passerelles de visite. À noter dans la station-service, un aspirateur géant dont l'embout est appliqué contre une porte et aspire toutes les saletés et détritus, telles les canettes, ...

 

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