Voyage sur les Chemins de Fer de Provence le 5/08/1971

Le 05/08/1971, la ZZ 21, venant de Nice, est arrivée à Annot à l’heure de l’apéritif avec une remorque Billard que le conducteur n’avait pas trop envie d’amener à Digne. Pendant que le Renault se rafraichissait également, le conducteur décida de dételer la remorque. Intrigué le contrôleur – chef de train lui demanda pour quel motif. « Tu n’as qu’à mettre chauffe moteur »... C’est ainsi que tout le monde se retrouva dans l’autorail, dont le moteur s’abstint de chauffer en grimpant vers Méailles et le tunnel. Il n’en avait, en fait, aucunement eu l’intention, et en avait vu d’autres. Mais prévenir c’est guérir ! Fort heureusement, à Digne, pour le retour vers Nice, la capacité de la 21 fut juste, mais suffisante. La remorque fut reprise à Annot... Le bulletin en fit-il la mention ? Ni vu, ni connu !...

J’avais bien remarqué à Annot, la rame voyageurs des CP, garée tant bien que mal, à l’ombre de la halle marchandises, derrière un Brissonneau, moteur tournant. Deux Brissonneau dans la même gare, c’était une bonne journée !

Après un départ d’Annot quelque peu en retard pour cause de rafraichissement des hommes et du matériel, ainsi que de la manœuvre pour dételer et garer la remorque, la ZZ21, allégée, permit à son conducteur de bien rouler pour rattraper les minutes perdues. C’est ainsi que lorsque le Renault aborde vivement la ligne droite longeant la départementale vers la halte des Lunières, un freinage énergique jusqu’à l’arrêt brise son élan. Des vives exclamations s’élèvent côté gauche, depuis la route, exclamations bientôt surmontées par une grosse engueulade du chef de train, rejoint par le conducteur. Un groupe de gamins d’une colonie de vacances et leurs moniteurs qui attendaient un train avaient posés leurs valises sur la voie, supposant vraisemblablement qu’il n’y avait que LEUR train... Avec les moniteurs, mortifiés, tout le monde se mit à transvaser les bagages sur la route. Un peu bousculés pour quelques-uns, mais rien de grave... L’affaire s’éclaircit lorsque je vis arriver derrière la ZZ21, la rame voyageurs arriver doucement en refoulant. Un Spécial pour la colo ! Mais les monos, dont l’éducation ferroviaire laissait à désirer, n’avaient pas prévu la circulation du train régulier.

Tout ceci s’est passé en pleine voie, sur la voie, et sur la route ! Epoque insouciante, ou plus libre ?

Notre conducteur, passablement énervé et en retard, demanda le maximum à la ZZ. Pour clôturer en beauté ce Nice-Digne mouvementé, nous franchirons à bonne vitesse un PN aux barrières levées, tout klaxon hurlant, freins serrés, sous les yeux fixes de la garde-barrière qui se tordait les mains dans son tablier. Quel PN, je ne sais pas, mais c’était en descente après le tunnel de La-Colle-St-Michel.

Le retour sera morne et normal. A part une expérience inoubliable : l’impression de chevaucher un Mustang, dans la remorque Billard, lors de la « grande vitesse » le long du Var...

Jean-Pierre Comes  (texte et photos)

(FACS – Patrimoine Ferroviaire)

 

Nombre de photo(s): 7
  • l'ABH ZZ 21 des CP en gare d'Annot le 5/08/1971
  • l'ABH ZZ 21 des CP en gare d'Annot le 5/08/1971
  • l'ABH ZZ 21 des CP en gare d'Annot le 5/08/1971
  • En gare d'Annot le 5/08/1971, un train marchandises "Vicat" vers Nice
  • En gare d'Annot
  • En ligne ... epoque où la climatisation n'empechait pas de se pencher par les fenêtres !
  • Intérieur remorque Billard (5/08/71)