Madrid « Tren de Felipe II » (2020)

SAMEDI 6 MARS 2020 et nous partons pour une autre promenade en train au nord de Madrid. De la Puerta del Sol, le métro nous conduit à la station Opera où nous changeons pour la ligne R : le « Ramal », qui signifie embranchement, antenne. C’est un raccordement long de 1100 mètres sans station intermédiaire, desservi en navette par une seule rame qui y est détachée toute la journée. Il nous conduit dans le quartier de Principe-Pio, où se dresse une des grandes gares madrilènes : la Estacion del Norte.

Reportage José Banaudo

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  • la Estacion del Norte : On remarque au fronton l’étoile qui apparaissait sur la plupart des bâtiments du Norte, et dont l'origine a donné lieu à beaucoup d’hypothèses...
  • Baptisée « Madrid-Principe-Pio » depuis sa restructuration en 1995, cette gare est l’ancien terminus de la Compania de los Caminos de Hierro de Norte édifié en 1882. L’axe principal de cette compagnie reliait Madrid à la frontière française via Avila, Valladolid, Burgos, Venta-de-Banos, Miranda-de-Ebro et Irun. Des investisseurs français étaient présents dans son capital, dont les frères Emile et Isaac Péreire créateurs de la Compagnie des Chemins de fer du Midi. Est-ce à cette influence française que la compagnie employait dans sa raison sociale le terme « Caminos de Hierro » plutôt que « Ferrocarril » plus habituel en Espagne ?
  • A la gare de Principe-Pio, nous allons prendre le « Tren de Felipe II », un train touristique créé en 2017 par la compagnie d’autocars ALSA qui a obtenu pour l’occasion une licence d’opérateur ferroviaire sur le réseau national espagnol ADIF. Ce train composé de véhicules confiés par la Fundacion de los Ferrocarriles Espanoles est mis en marche en fin de semaine pour une excursion de la journée au monastère et palais royal d’El Escorial.
  • En tête, la CC 2148, précédemment numérotée 321.048. Construite en 1966 par la Sociedad Espanola de Construccion Naval (SECN) sous licence de l’American Locomotive Company (ALCO), elle fait partie d’un lot de 80 unités livrées de 1965 à 1971 par l’industrie espagnole sous brevet américain. A l’origine ces machines était équipées d’une chaudière à fioul fournissant de la vapeur pour le chauffage du train, mais cet équipement a été déposé lorsqu’elles ont été spécialisées au trafic marchandises, aussi un fourgon-chaudière est ajouté à la rame. Un « luxe » qui n’est pas superflu en cette saison. Lors de mon premier voyage en janvier 2018, il faisait tellement froid à bord que le personnel d’accompagnement distribuait des couvertures aux voyageurs congelés. Mais il n’y en avait pas pour tout le monde !
  • La rame du « Tren de Felipe II » comporte ce jour-là trois voitures séries 5000 et 6000 commandées à partir de 1946 par la RENFE, cinq ans après sa création, pour renouveler le parc hérité des anciens compagnies. Les premières ont été livrées par l’industrie française et les suivantes par des firmes espagnoles. A côté de notre train stationne une rame diesel série 599 pour les relations « Media Distancia » (moyenne distance). Cinquante exemplaires de ces rames de 1900 chevaux à trois éléments, aptes à 160 km/h, ont été livrées par CAF en 2008-2009.
  • Après un agréable voyage au son du moteur Alco et des coups de trompe « à l‘américaine », c’est l’arrivée à El Escorial. En 50 minutes nous avons traversé les rios Manzanares et Guadarrama, gagné 200 mètres s’altitude et parcouru 50 km dans les banlieues puis les campagnes au nord-ouest de Madrid. Notre 2148 stationne à côté d’une rame « Civia » série 465 de la ligne C 3 du réseau de banlieue madrilène
  • Un bus nous emmène de la gare au village de San-Lorenzo-del-Escorial, où nous avons plusieurs heures pour visiter le palais monastère bâti à la fin du XVIème siècle par la volonté du roi Philippe II, fils de Charles Quint et Isabelle de Portugal. Un site vraiment impressionnant, tant par les bâtiments eux-mêmes que par leur contenu et l’environnement austère de la Sierra de Guadarrama toute proche.
  • Il est déjà l’heure de retourner, nous redescendons à la gare où le train nous attend. Un coup d’oeil au « Calderin », le fourgon-chaudière à deux essieux aménagé dans un wagon couvert série J 300000 des années 1950. Le feu de fin de convoi et les fanaux d’angles, bien qu’éclairés électriquement, sont du plus bel effet.
  • Après la descende des voyageurs à Madrid-Principe-Pio, le convoi repart à vide vers la gare de Madrid-Delicias où il est remisé dans les emprises du musée ferroviaire entre deux circulations. Au dessus de la machine, on remarque le « rail » suspendu qui remplace la caténaire dans la section souterraine entre les deux gares.
  • Maintenant, une petite entorse à l’orde chronologique… Vendredi 5 en revenant de Cercedilla et dimanche 7 mars dans l’après-midi, nous nous sommes rendus à la gare de Pinar, à 20 km au nord de Madrid sur le tronc commun des lignes d’Irun et de Segovia. C’est là que s’embranche le complexe des ateliers RENFE et Talgo de Las Matas. De retour d’El Escorial vers Madrid, le « Tren de Felipe II » y passe le dimanche après-midi.
  • … et il croise une double rame « Civia » 465 qui monte à El Escorial sur la ligne C 3 des « Cercanias »...
  • Une rame « Media Distancia » série 449 dépasse une « Civia » et un train de fret en gare de Pinar. Cette version électrique des rames diesel 559 que nous avons vues à Principe-Pio a été construite par CAF de 2008 à 2011 en 57 exemplaires, dont certaines sont munies du dispositif « Brava » qui permet de passer de l’écartement ibérique de 1,668 m à la voie standard UIC de 1,435 m des lignes grande vitesse AVE.
  • Un train de conteneurs de l’exploitant privé Continental Rail démarre à distance de bloc derrière le « Media Distancia ». La CC 333.380 est une des deux locomotives livrées en 2005 par Vossloh à cette société, filiale du groupe de travaux publics Vias y Construcciones. Elles sont basées à Fuenlabrada, au sud-ouest de Madrid.
  • Un couplage de rames « Civia » série 465 assurant un service C 3 El Escorial - Aranjuez passe devant les ateliers RENFE de Las Matas. En toile de fond, on distingue les sommets enneigés de la Sierra de Guadarrama avec les antennes de la « Bola del Mundo » aperçues lors de notre balade à Cotos...