Mokra Gora - Visegrad en train vapeur
Après avoir gravi les rampes du "8 de Sargan" le matin, nous partons l'après-midi depuis Mokra Gora dans la direction opposée pour nous rendre en train spécial vapeur dans la ville bosniaque de Visegrad, distante d'environ 25 km par la voie de 0,76 m reconstruite totalement en 2013 jusqu'à cette localité. Notre convoi est remorqué par une locomotive ex-JZ de configuration d'essieux 041 numérotée 83-052. Quelques km après le départ, nous arrivons à la frontière entre la Serbie et la Bosnie. Un premier arrêt permet aux douaniers serbes de tamponner nos passeports.
Quelques centaines de mètres plus loin, nouvel arrêt au poste frontière bosniaque. Le douanier monte et récolte tous les passeports des voyageurs qu'il emporte dans son bureau pour leur apposer le tampon libérateur puis il revient au bout d'une vingtaine de minutes pour déposer la pile de passeports sur une table de la voiture. Le passage de la frontière aura au total demandé près d'une heure. Il était cependant plus cool qu'à la frontière entre la Bulgarie et la Serbie où nous avons dû tous descendre du car pour présenter individuellement nos passeports au bureau de douane, mais nous avions pu shunter la file de camions d'un bon km de long en amont du poste.... Et dire que d'aucuns plaident pour le rétablissement de frontières à l'intérieur de l'UE, c'est insensé !
Mais revenons à notre ligne à voie de 76 qui serpente dans une vallée encaissée suivant en grande partie la rivière Rvaz dans un paysage pittoresque. Nous atteignons bientôt le monastère de Dobrun où nous marquerons un arrêt au retour. Une ancienne locomotive à vapeur semble oubliée sur un tronçon de voie isolé adjacent. Enfin, nous arrivons en gare de Visegrad. Rapidement, la loc est dételée et elle fait déjà l'impasse quand nous arpentons le quai (on manoeuvre manifestement plus rapidement qu'à la SNCF!). Suit une promenade en ville jusqu'au célèbre pont médiéval sur la Drina, décrit par le prix Nobel de littérature Ivo Andritch (transcription phonétique qui me paraît la plus proche des caractères cyrilliques). Non loin du pont, on trouve sa statue dans la "ville nouvelle" Andritchgrad, bâtie sur des modèles d'anciens bâtiments par le réalisateur Emir Kusturica pour la réalisation de son film "Le pont sur la Drina" d'après le chef d'oeuvre du prix Nobel de littérature. C'est en quelque sorte un musée ethnographique à ciel ouvert.
Le retour vers Mokra Gora s'effectuera sans encombre si ce n'est que notre locomotive à vapeur donnera de l'échappement pour vaincre les rampes du parcours. Re-passage de la frontière dans le sens Bosnie - Serbie cette fois-ci avec les mêmes process. Nos passeports se trouvent maintenant bariolés de cachets avec ces multiples passages de frontières !
Au total, une excursion totalement dépaysante menée par une locomotive historique à travers de beaux paysages de collines et petites montagnes du territoire démembré de l'ex-Yougoslavie.
Reportage Gilbert Lafargue Mai 2019