Les derniers tours de roue du TVR à Nancy
LES DERNIERS TOURS DE ROUES DU TVR DE NANCY
Gilbert LAFARGUE (texte et photos)
Le 12 mars 2023 sera le dernier jour d'exploitation du TVR de Nancy. Dès le lendemain, il sera remplacé par un service d'autobus qui doit assurer la transition avant l'arrivée annoncée fin 2023 / début 2024 des nouveaux trolleybus, la métropole ayant écarté – au moins jusqu'à 2030 – la solution d'un vrai tramway.
Cet épisode clôture la vie très perturbée de ce système de transport (TVR = Transport sur Voie Réservée) qui n'aura jamais tenu ses promesses depuis son inauguration en 2001. Ce véhicule sur pneus bi-articulé - désigné GLT par son constructeur La Brugeoise et Nivelles (repris par Bombardier) - était hybride (électrique et diesel) et pouvait circuler, soit en mode guidé par un rail central sur lequel s'appuie un galet, soit en mode routier. D'où une souplesse escomptée d'exploitation et la possibilité de réutiliser les lignes bifilaires du réseau trolleybus mais aussi de continuer en mode autonome pour desservir de nouveaux quartiers périphériques. En outre, la traction sur pneus devait conférer l'adhérence requise pour gravir les fortes pentes existant entre le centre-ville, en vallée, et la ville périphérique de Vandoeuvre située sur un plateau. Enfin, ce système était réputé plus économique qu'un tramway. Ce TVR « innovant » n'avait toutefois jamais subi l'épreuve d'une exploitation commerciale, Nancy étant son premier acquéreur. Il ne sera suivi ensuite que par Caen...
Dès sa mise en exploitation en 2001, le TVR va connaître de nombreux déboires et présenter un manque de fiabilité récurrent, émaillé d'incidents graves, notamment des déraillements, ayant entraîné des périodes d'immobilisation. En effet, le rail de guidage n'était installé que dans la partie centrale de la ligne ainsi qu'aux extrémités, notamment dans les boucles de retournement. Il en résultait donc à chaque trajet quatre changements de mode guidé / routier et vice-versa (« dédroppage - droppage ») sans doute non étranger aux problèmes rencontrés.
Même si son exploitation s'améliorera après plusieurs années de mise au point, il n'atteindra jamais les objectifs en termes de vitesse commerciale et de fiabilité, restant émaillé de nombreuses pannes.
Cette situation amènera Caen à cesser son exploitation fin 2017 après 15 ans de service et à le remplacer par un « vrai » tram fer au terme d'une transformation menée rondement en 18 mois. Nancy choisira toutefois son maintien jusqu'en 2023 au prix d'un « acharnement thérapeutique » pour le maintenir en service, rendu possible par la cession de quelques rames de Caen qui serviront de magasins de pièces de rechange.
Transports & Patrimoine Ferroviaire voulait donc tester une dernière fois ce système sur l'unique ligne exploitée par STAN (groupe KEOLIS) avec un parc de 25 véhicules TVR – la T1 – traversant l'agglomération d'ouest en est, entre Vandoeuvre (desserte du CHU implanté sur le plateau de Brabois) et Essey-les-Nancy-Mouzimpré via le centre-ville et la gare, sur un tracé de 11,3 km desservant 28 stations.
Un article détaillé décrivant les impressions du voyageur paraîtra dans le N° 417 de Transports & Patrimoine Ferroviaires.
En conclusion, ce mode de transport – affecté manifestement de défauts de conception - avait effectivement fait son temps bien qu'il arrivait à transporter néanmoins quelque 45 000 voyageurs par jour, saturé aux heures de pointe comme relevé précédemment.