2023-5 : De retour sur les chemins de fer touristiques en Wallonie (Belgique)
L'association TRAIN ACCESS organisait, du 12 au 15 mai 2023, un voyage à la découverte des chemins de fer touristiques de Wallonie (Belgique). Le groupe était basé à Namur. La première matinée, avant d'entamer les sujets ferroviaires, était consacrée à une visite de la capitale de la Wallonie. Notre guide, André Peeters, nous a fait découvrir une partie du centre ville historique, notamment la place Saint-Aubain où se dresse la cathédrale éponyme et le palais hébergeant l'administration de la province de Namur, avant d'emprunter le téléphérique menant à la citadelle dominant la ville, autrefois desservie par un tram. Puis nous revenons en bord de Meuse pour déjeuner sur un bateau amarré.
L'après-midi de ce premier jour a été consacrée à la découverte du Chemin de fer touristique du Bocq au départ de la gare de Cimey rejointe en train.
L'association PFT (Patrimoine Ferroviaire et Tourisme) a repris un tronçon de la ligne à voie normale 128 de la SNCB qui reliait Ciney (sur la ligne Namur-Luxembourg) à Yvoir sur la ligne Namur-Dinant (# 20 km), ouverte en totalité en 1907. Cette ligne suit sur la majeure partie de son tracé la vallée du Bocq, affluent de la Meuse. Elle recoupe plusieurs méandres au moyen de tunnels et viaducs, ce qui lui confère un caractère touristique certain. Cette ligne a cessé d'être exploitée en trafic voyageurs en 1960 et en trafic marchandises (essentiellement eaux de la source de Spontin et produits de carrières) en 1983. Dès 1992, le PFT commençait l'exploitation touristique en autorail, d'abord entre Ciney et Spontin, parcours prolongé depuis jusqu'à Purnode (15 km). Ultérieurement, la ligne devrait atteindre la gare d'Evrehailles-Bauche avec l'espoir de revenir à Yvoir.
La base de l'association est située à Spontin, belle localité dotée d'un château. Elle y possède une remise-atelier et une cabine de signalisation en bois a été reconstruite pour gérer la signalisation mécanique reconstituée de la gare dotée d'une voie d'évitement permettant des croisements.
Le chemin de fer du Bocq conserve un parc important de matériels à voie normale tant moteurs (surtout des locomotives Diesel des premières générations SNCB) que remorqués (une soixantaine de véhicules).
PFT-Vallée du Bocq : Gare de Spontin Loc 212205 & 5166
Le second jour, le groupe est parti découvrir le Chemin de fer à vapeur des 3 vallées. Le CFV3V fête en 2023 ses 50 ans, puisque c'est en 1973 qu'a été fondée l'association qui a repris comme chemin de fer touristique depuis 1975/1978 un tronçon de 14 km à voie normale de la ligne 132 entre Mariembourg et Treignes. Cette ligne, ouverte en 1854, continuait quelques km plus loin pour rejoindre la France à Vireux dans la vallée de la Meuse (ligne Charleville-Givet-Namur). Elle a été exploitée en service voyageurs jusqu'en 1963 et partiellement en trafic marchandises jusqu'en 1977.
Le CFV3V dispose de l'ancienne rotonde de Mariembourg, son point de départ, raccordé à la ligne Charleroi-Couvin. Il a préservé un grand nombre de locomotives à vapeur, de locomotives Diesel anciennes, d'autorails, de voitures et wagons. Beaucoup sont en état de marche et sont utilisés pour la traction des trains touristiques.
CFV3V : Gare de Triegnes La 030T AD05 Tubize en tête d'un train pour Mariembourg
Le CFV3V possède un important musée ferroviaire situé à Treignes, à l'extrémité de la ligne. Fondé en 1994 et récemment agrandi, il présente une riche collection d'engins de type divers : locomotives à vapeur, diesel, électriques, autorails, voitures et wagons; également un réseau H0, des installations fixes et une multitude d'objets ferroviaires provenant essentiellement de Belgique, mais aussi quelques pièces provenant de réseaux étrangers : France, Luxembourg. Il constitue une rétrospective vivante de l'histoire du chemin de fer depuis la fin du XIXe siècle, époque à laquelle remontent les locomotives à vapeur les plus anciennes exposées, dont une bicabine 030T ex-SNCV à voie normale de 1894.
Le 14 août, le groupe a découvert la ville de Liège et son musée des transports. Il abrite une très riche collection de véhicules préservés, retraçant près de 2 siècles d'évolution des transports, depuis les calèches jusqu'au futur tramway en passant par les tramways historiques, hippomobiles puis électriques, les véhicules des chemins de fer vicinaux, les trolleybus (dont un curieux trolleybus réversible à 3 essieux et 4 perches), les autobus et un système de transport automatique urbain (TAU), non sans rappeler le VAL, mais qui n'a jamais dépassé le stade d'expérimentation.
Liège Musée des TC de Wallonie - Tram Liège-Flémalle
Le Chemin de Fer de Sprimont est établi sur une partie de l'assiette de l'ancienne ligne vicinale Poulseur - Sprimont - Trooz.
Véritable musée d'archéologie industrielle ferroviaire en voie de 60 cm, le CFS a rassemblé, depuis 1981, toute une collection de matériel ancien, provenant essentiellement d'exploitation de mines et carrières. Il exploite une ligne d'un peu moins d'un km avec des baladeuses remorquées par locotracteurs Deutz et Moes. Cette ligne nous amène au dépôt où sont abrités quelques engins dont un électrique à batterie.
Nous avons visité ensuite le second site du CFS : l'espace muséal centre d'interprétation, situé dans le bâtiment d'une ancienne centrale électrique.
CF Sprimont Train avec locotracteur Deutz (voie 60)
La visite se poursuit avec le Tramway touristique de l'Aisne (TTA)
Fondée en 1964, l'asbl Tramway Touristique de l'Aisne (TTA) exploite depuis 1966 le tronçon Pont d'Erezée à Forge-à-la-Plez, prolongé jusqu'à Lamorménil en 2015, soit au total 11,26 km suivant pour l'essentiel la vallée de l'Aisne (il s'agit ici d'un sous-affluent de la Meuse qui n'a rien à voir avec la rivière éponyme française), dans un paysage verdoyant de la province de Luxembourg dans les Ardennes belges. Le TTA a bien failli disparaître. Interrompue en 2020 (COVID) puis en juillet 2021 par suite de dégâts importants causés par des inondations, l'association ne disposait pas des moyens pour permettre une reprise de l'activité. C'est grâce à l'intervention des deux communes concernées par la ligne (Erezée et Manhay) que l'exploitation a pu reprendre récemment en juillet 2023 à raisons de 3 trajets par semaine (mardi et dimanche) durant l'été.
Le TTA conserve plusieurs autorails vicinaux dont seul l'AR 133 construit par Baume & Marpent en 1935 est en service. 1 voiture et une baladeuse composent le parc remorqué. Le TTA avait dans sa collection 4 locomotives à vapeur toutes hors service. Il a revendu la 030T Corpet-Louvet "La Scarpe" à un petit groupe de bénévoles du chemin de fer de la Baie de la Somme où elle a retrouvé les rails de son ancien réseau, transportant des betteraves et pulpes à la râperie de Lanchères. Le CFBS ayant entrepris sa restauration, une souscription a été lancée par la FACS à cet effet.
TTA Lamorménil Manoeuvre de la motrice AR133
Le 15 août, est d'abord consacré à la visite du réseau de tramways de Charleroi puis du musée des Transports de l'ASVi.
Le réseau du métro léger de Charleroi comporte 4 lignes sur un réseau de 33,3 km desservant 49 stations dont 10 souterraines. Le 1er tronçon a été ouvert en 1976. Le réseau a la particularité de comporter une boucle entourant le centre ville d'où partent trois "antennes", l'une vers Anderlues à l'ouest, une autre vers Gosselies au nord, une troisième vers Soleilmont au nord-est. La qualification de "métro léger" s'explique par le fait que l'essentiel du réseau est en site propre intégral, la partie centrale en souterrain, mais que le matériel roulant est constitué de véhicules type tramway. Certaines sections périphériques reprennent toutefois le tracé d'anciennes lignes vicinales SNCV. À noter que le réseau planifié n'a jamais été entièrement réalisé. C'est ainsi que plusieurs sections ont été construites mais non exploitées ou bien n'ont pas dépassé le stade du gros œuvre, faute de moyens financiers. Néanmoins, en vue de desservir le nouveau Grand Hôpital de Charleroi (GHdC), l'antenne vers Châtelet jamais exploitée et partiellement achevée sera mise en service (future ligne M5), grâce à une subvention de l'Union Européenne dans le cadre de son plan de relance suite au Covid-19.
TCharleroi Tram historique 9148 dans la boucle de Soleilmont
Au sein du Musée des transport de l'association pour la sauvegarde du chemin de fer vicinal (ASVi), trois modes de traction sont représentés par les véhicules conservés :
- La vapeur avec la locomotive bicabine HL303 type 7, construite par Tubize en 1888;
- La traction diesel avec deux autorails de 1934 et 1949;
- La traction électrique avec 17 motrices retraçant l'évolution technologique de 1901 à 1958. Parmi elles, plusieurs motrices des années 30 et un exemplaire unique : une motrice PCC de 1950 construite par BN-ACEC sous licence avec son look typiquement américain.
ASVi-Thuin Motrice A9288 Manage (1909)
Outre la présentation dans le musée de l'ASVi, l'essentiel de ces matériels historiques est en état de marche et parcourt trois lignes au départ du musée, établi sur le site de l'ancienne gare SNCB de Thuin-Ouest.
- Une ligne électrifiée en 600 V par LAC rejoint Lobbes, sur le plateau en bordure de route, vestige de l'ancienne ligne vicinale reliant Thuin vers Anderlues, terminus de la ligne M1 de l'actuel métro léger de Charleroi.
- Une courte antenne électrifiée joint Thuin-ville basse, tronçon de l'ancienne ligne vicinale précitée.
- Enfin, une ligne non électrifiée relie le musée à Biesmes-sous-Thuin (3,5 km). L'ASVi a reposé une voie métrique sur la plateforme de l'ancienne ligne 109 à voie normale SNCB.